Cohabiter n’est pas toujours facile. C’est pourquoi nous devons apprendre à faire de nos différences sociales ou culturelles une force, car celles-ci sont une véritable richesse. Tout au long de notre parcours professionnel ou personnel, nous faisons des rencontres gratifiantes… A nous de faire le pas.
Accueillir un nouveau venu, sortir de son confort pour être accepté ou pour accepter… De nos jours, nous sommes souvent appelés à vivre l’intégration. Au quotidien, nous sommes amenés à lui faire face. Celle-ci peut dépendre de notre éducation, de notre milieu social, de nos intérêts ou encore de nos croyances.
Le but de l’intégration est de faire cohabiter des personnes de cultures différentes. Cette interaction permet à des individus de partager les valeurs et normes de la société à laquelle ils appartiennent. Selon le Petit Robert, l’intégration est « l’opération par laquelle un individu ou un groupe s’incorpore à une collectivité, à un milieu ». Une intégration réussie permet à une personne de participer à la vie active d’une société sans qu’il existe d’arrière-pensées sur les individus. Ce principe peut « concerner des personnes non pourvues de la nationalité du pays d’accueil ou des personnes qui ont acquis cette nationalité, voire sont nées avec, mais qui ne seraient pas encore pleinement insérées dans la société » selon Wikipédia, l’Encyclopédie libre du web.
En Suisse, les débats politiques mettent l’accent sur l’intégration des étrangers ; il ne s’agit que d’un aspect plus général du problème de l’intégration au sein d’une société. Pour intégrer des immigrés, les politiciens parlent de l’accès à la formation, à l’emploi et au logement, mais aussi à la participation à la vie sociale sur un pied d’égalité avec les habitants. Face à des personnes non suisses, la politique d’accueil est régie par l’Office Fédéral des Migrations qui « réglemente les conditions dans lesquelles une personne peut entrer, vivre et travailler en Suisse ».
Différencier intégration et assimilation
Il faut différencier intégration et assimilation qui ont des significations très distinctes. D’après le Petit Robert, l’assimilation est une « Action d’assimiler des hommes, des peuples; processus par lequel ces hommes, ces peuples s’assimilent (américanisation, francisation). Le fait d’aller du différent au semblable ». En d’autres termes, une assimilation « réussie » consiste pour une personne, à cesser d’exister comme un être avec sa propre culture pour se fondre ainsi dans une société et acquérir la culture locale. Tandis que l’intégration permet à un individu de participer à la vie sociale sans renoncer à sa culture et à ses propres valeurs.
Au coeur de la HEIG-VD
Selon des statistiques 2009, la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du canton de Vaud regroupe 1’525 élèves. Sur le nombre d’élèves suivant les cours, 4% proviennent de pays européens, 12% de l’Afrique, 2% de l’Asie et 1% de l’Amérique. Au sein de la HEIG-VD, le département COMEM+ accueille 229 élèves répartis en deux filières « Ingénieur de Gestion » et « Ingénieur des Médias ». Dans ce département, il existe une forte richesse culturelle qui réside principalement dans le fait qu’il accueille des élèves de quatre continents et de vingt pays différents. Cette diversité permet aux étudiants de mélanger leur culture et de créer un esprit de collectivité qui est différent en fonction des dynamiques de classes.
Afin d’illustrer ces aspects, trois élèves ont accepté de répondre à quelques questions sur leur intégration au sein du département et de leur classe.
Interviews
Xiaowen
Xiaowen Sheng Sollet, originaire de Shanghaï, est actuellement en troisième année, en Ingénierie des Médias option Technologie de l’Information. Son arrivée à COMEM+ est due à des problèmes administratifs qui l’ont empêché de continuer ses études à l’EPFL.
Julien: Qui t’a aidé pour les démarches administratives (passeport / visa / logement) ?
Xiaowen: Pour venir en Suisse, mon père avait engagé une agence qui s’occupait de tout. Mais, par la suite, j’ai remarqué que l’agence a abusé de son argent. Deux mois après mon arrivée en Suisse, j’ai rompu le contrat avec eux et je me suis débrouillée seule.
J: Quels étaient tes préjugés avant de venir en Suisse ?
X : Tout ce que je connaissais de la Suisse, c’était le chocolat, la neutralité, les organisations comme l’ONU qui ont leur siège ici. Je connaissais aussi Lausanne qui est la ville Olympique. J’avais, pour résumer, un aperçu positif de ce pays, en imaginant que les gens sont aimables, et qu’il y a une bonne intégration en général
J: Quelles habitudes as-tu changées en arrivant à COMEM+ ?
X : Quand je suis arrivée en Suisse, j’ai dû changer beaucoup d’habitudes. Le simple fait que les présences soient obligatoires en classe m’a amenée à changer. Il y a aussi plus de liberté d’expression ici à la HEIG-VD qu’à l’EPFL.
J: Pour toi qu’est-ce que l’intégration ? Comment se sentir bien intégré dans une classe ?
X : Il faut voir du côté personnel : si toi tu te sens bien dans ta peau quand tu es dans la classe, ça va faciliter les contacts. Il ne faut pas avoir peur de t’exprimer face aux gens, s’ils t’apprécient, ils vont te le faire sentir.
Cédric
Cédric Marville vient de Berne. Il est étudiant en première année en Ingénierie des Médias. Il est venu à Yverdon-les-Bains, car cette formation n’existe pas en Suisse allemande.
Julien: Comment te sens-tu dans ta classe ?
Cédric : Je me sens bien dans ma classe, les personnes sont vraiment sympas. Parfois, il y a des petits problèmes avec la langue, car les Romands ne parlent très peu allemand et les Alémaniques pas beaucoup français.
J: Est-ce que Internet (Facebook, Skype, etc) facilitent la communication au sein de ta classe ?
C : Oui, c’est plus facile de communiquer par écrit. Sur Facebook, on poste des vidéos qui sont drôles. C’est plus facile de communiquer dans un niveau moins sérieux. C’est très utile pour rester en contact.
J: Pour toi, qu’est-ce l’intégration ? Comment se sentir bien intégré dans une classe ?
C : Ça dépend de la formation et de la volonté des personnes de faire des choses ensemble. L’âge est aussi important, car je suis plus âgé que les autres étudiants de ma volée. Dans ma classe, il y a beaucoup de personnes qui se connaissaient avant de commencer les cours à COMEM+
Lorena
Lorena Medina, en première année, est originaire de l’Equateur. Elle est venue en Suisse pour rejoindre sa maman qui est aujourd’hui retournée dans son pays natal. Elle a commencé à étudier la sociologie à l’université de Fribourg, mais suite à des changements de plan d’étude, Lorena a trouvé à COMEM+ des similitudes par rapport à ses études à Fribourg.
As-tu modifié tes habitudes en arrivant en Suisse ?
Bien sûr, car c’est un système différent. Chaque pays a des codes et des conduites donc dans ce sens-là il faut s’adapter. Par exemple, ici, il faut être ponctuel ce qui n’est pas le cas en Equateur.
Qu’est-ce qui est important, pour toi, pour une bonne ambiance de classe ?
Je suis pour que chacun participe, pour que chacun ait son mot à dire. Il faut échanger ses idées, car ça donne de meilleurs résultats.
Pour toi, qu’est-ce l’intégration ? Comment se sentir bien intégré dans une classe ?
Je dirais que l’intégration c’est de faire partie d’un groupe, donc dans ce sens-là ne pas se sentir éloigné. Souvent on pense qu’être intégré, c’est juste faire ce que fait une autre personne. Il faut se sentir à l’aise surtout dans un groupe ou une classe.
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